L’immigration a toujours son lot de légendes urbaines qui convient à l’occasion de « détricoter serré » ! Par exemple il ne fait de doute pour personne que les nouveaux arrivants restent à Montréal pour rester proches de leur communauté. Si cela peut être vrai pour certains, pour beaucoup nous pouvons témoigner que c’est plus la réalité du nouvel arrivant qui s’impose à lui plutôt qu’un choix de vie.
Un fait aussi simple et banal peut jouer un rôle certain dans l’établissement à Montréal. Il faut savoir que pour un nouvel arrivant de la catégorie « résident permanent », la première démarche est d’avoir une adresse pour recevoir les papiers officiels et essentiels que sont, entre autres, le numéro d’assurance sociale et la carte d’assurance maladie. Alors la première énergie focus sur la recherche d’un logement et quoi de plus facile que de le faire dans la ville d’arrivée. Et vous voilà avec un bail à échéance au 1er juillet. Un premier facteur qui peut être la cause d’un frein à la régionalisation.
Ensuite, il faut aller de l’avant, s’occuper de l’établissement de la famille, et particulièrement de l’inscription des enfants à l’école. Un deuxième facteur de rétention montréalaise, car les parents auront à cœur de ne pas déstabiliser les enfants. Là aussi la fin d’année scolaire devient une échéance.
Une fois les besoins de base comblés dans les premières semaines vient la condition sine qua non pour une vie au Québec….l’emploi. Et donc là aussi, la recherche se fait au plus proche, car les facteurs socio-économiques et familiaux seront considérés. D’autant que l’emploi sera au cœur de la démarche d’immigration, et ce pour les 5 à 10 prochaines années.
Alors comme vous pouvez le voir il y a bien d’autres éléments qui rentrent en ligne de compte avant de pouvoir dire que c’est un choix des personnes immigrantes de se destiner à une vie montréalaise pour se rapprocher de leur culture.
L’autre élément qui me fait dire que les personnes immigrantes ont un réel intérêt pour les régions du Québec c’est le nombre de ces gens que nous croisons dans les salons d’emploi et d’immigration à Montréal pour lesquels avec le réseau des Services d’accueil des nouveaux arrivants mauriciens (SANA) nous représentons la région. Nous y rencontrons des centaines de personnes immigrantes qui nous font part de leur intérêt pour la Mauricie.
Par contre, soyons clairs, l’élément majeur et déterminant pour ces personnes reste l’emploi. Il faut bien comprendre que pour un nouvel arrivant qui a une vie à faire et qui doit la débuter quelque part, le cadre de vie, les loisirs, et même le coût de la vie sont des enjeux secondaires.
Enfin, pour regarder droit dans les yeux le mythe ou la réalité des personnes immigrantes qui veulent rester proches de leur communauté culturelle n’oublions pas que ce phénomène est commun à tous. Lorsqu’on se sent isolé dans un environnement qui ne nous est pas habituel et qu’aucune main ne se tend, l’usure du temps et l’ennui nous font chercher un réconfort auprès de nos semblables.
Tout cela pour dire qu’il y a encore bien des ponts qui manquent pour nous relier dans notre vie commune au Québec et que nous soyons nouvel arrivant ou québécois de souche nous avons tous un rôle à jour pour défaire ce mythe.
